Oui


Oui, nous nous la coulerons douce,
Dans nos lupanars elliptiques,
Cerclés de neiges et de rubis.

Oui, nous braverons les ordres, l'honneur et le mérite,
Avec à nos chevilles des boulets de lumière,
Et à la main des conditions uniques.

Oui, nous tirerons sur les cardinaux,
Tels des trappeurs d'absurdité,
Bref et juste retour des choses.

Oui, il est des citadelles imprenables,
Mais nous trouverons le temps,
Le temps, toujours le temps de passer de l'autre côté de la rive,
De passer l'arme à gauche, briser la glace;
Et de l'autre côté toujours ton sourire énigmatique,
Comme le nez plus au milieu de ta figure,
Comme un glaive, une épée, un poignard dans ma gorge brûlante.

Oui, laissez-moi le pouvoir de crier,
Le pouvoir des chiens,
Le pouvoir essentiel, et râler,
Râler jusqu'à n'en plus pouvoir,
Borborygmes sans dieu ni tête,
Jusqu'au costume de bois,
Jusqu'à la dernière corde,
Dernière ficelle,
Dernier cri orgasmique,
Sans filet,
Plainte éternelle,
Echo flutter.

Oui, je suis toujours l'illettré qui ne sait pas compter,
Pas même sur lui,
Désintéressé en tous points,
Qui n'a rien à faire,
Rien à foutre.
Mais je vous fais confiance.
Vous vous en occuperez à vitam aeternam dans vos phalliques tours d'ivoire.
Alors de grâce, laissez-moi pourrir dans la honte et dans mes déchets,
Ils valent mieux que vous,
Vous, toujours vous et vos morales ancestrales éclaboussantes de vulgarité.

Oui, à vous l'honneur et les médailles,
On vous les offre,
Epinglées fièrement sur vos torses saillants,
Gardez-les pour l'éternité
Ca nous fait plaisir.

Oui, je bave et je glose,

Oui, je participe au pessimisme ambiant.
Quand je vois vos visages éclairés et brillants,
J'idolâtre le terne et le rassis,
Je fais un crédit sur la poussière,
J'en prends pour vingt ans.

Oui, mes idéaux périclitent,

Oui, tout ceci est irréalisable.
C'est bien pour cela que je ne crois en rien,
Mais continue à y croire quand même,
Dur comme fer,
Avec dans la bouche des serpents acérés crachant leur fiel orange.

Oui, je préfère mourir debout, les yeux dans le tain,
Que de me violer la face.

Et nous aurons tout le reste à notre portée...




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